Dagris file un drôle de coton


Rédigé le Mardi 3 Avril 2007 à 17:03 | Lu 1777 commentaire(s) modifié le Mardi 3 Avril 2007 17:06



Le comité d'entreprise de Dagris, holding de sociétés de coton et d'oléagineux, devrait refuser, le 30 mars, de rendre un avis sur la privatisation de cette société détenue à 64,7 % par l'Etat. Un refus qui ralentit le processus.

L'Etat avait accepté, le 23 février, de vendre ses parts à Sodaco, un consortium formé par Sofiprotéol (45 %), la société d'investissements IDI (45 %), Antoine Gendry (5 %) et Patrick Leydet (5 %). Le prix de vente était fixé à 7,7 millions d'euros, ce qui valorise à 12 millions d'euros ce confetti d'empire public.

"C'est scandaleux", ont écrit les représentants du personnel et les délégués syndicaux de Dagris au ministre de l'économie, Thierry Breton. Autrefois appelée Compagnie française pour le développement des fibres textiles (CFDT), Dagris contribue à faire vivre une vingtaine de millions de cotonculteurs et leurs familles. Elle construit en ce moment une usine de biocarburant au Burkina Faso. Et elle ne vaudrait que 12 millions ?

"Comment cela se peut-il ?, proteste un élu. Le 31 décembre 2005, ses capitaux propres consolidés s'élevaient à 105 millions d'euros, et le prix de son siège social parisien, rue de Monceau, est estimé entre 35 et 50 millions d'euros." Sans oublier que Dagris possède un patrimoine non négligeable en Espagne, en Côte d'Ivoire, au Cameroun ou en Normandie.

"La crise du coton est incontestable, poursuit le délégué, mais cela ne justifie en rien que, pour 7,7 millions d'euros, les repreneurs raflent une telle mise ! En fait, ils n'ont pas de projet industriel et préparent une juteuse opération immobilière. L'Etat et le personnel vont être tout simplement spoliés."

Mais vous n'y êtes pas !, répond-on à Bercy, qui s'étonne du tintamarre autour de cette "affaire un peu marginale". L'argumentation officielle repose sur l'évolution de la valorisation de Dagris, qui a beaucoup perdu en raison des fluctuations des cours du coton et en raison de la chute du dollar, puisque le coton est vendu mondialement dans cette devise. "Une partie des salariés est demeurée sur une estimation vieille de deux ans et qui n'a plus cours", plaide-t-on au ministère de l'économie. La preuve ? "La Commission des participations et transferts a validé le prix retenu pour l'offre de Sodaco, la meilleure des soixante-dix offres examinées." Cet avis sera rendu public, c'est promis.

Chez Dagris, un salarié avait cru avisé de placer ses économies dans le fonds commun de placement maison, pour améliorer une retraite qui s'annonçait maigre. Il croyait pouvoir compter sur une "pelote" de 160 000 euros. Avec la chute du dollar, la crise du coton, les pertes qui s'ensuivent et, pour finir, la privatisation, il peut espérer au mieux 20 000 euros. Difficile pour lui de ne pas croire à la "manoeuvre frauduleuse" formulée par les élus de Dagris ?


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