Des 'esclaves modernes' du nettoyage des trains en grève depuis un mois


Rédigé le Mercredi 9 Mai 2007 à 11:41 | Lu 3078 commentaire(s) modifié le Mercredi 9 Mai 2007 11:46



Les salariés de l'entreprise TSI, qui nettoient les trains au départ de la gare d'Austerlitz à Paris, sont en grève depuis près d'un mois contre ce qu'ils considèrent être "un esclavage moderne", reprochant en outre à la SNCF d'employer des cadres pour "casser le mouvement".

Pour la première fois, a déclaré la SNCF, la plupart des trains au départ d'Austerlitz dans les nuits de mercredi à jeudi et jeudi à vendredi "n'offriront pas de prestations de literie", en étant dépourvus de couettes, d'oreillers ou de bouteilles d'eau, en raison du mouvement.

Les grévistes se disent "prêts à tenir comme les salariés de PSA Peugeot Citroën d'Aulnay". Ils ont comme eux reçu la visite du candidat LCR à la présidentielle, Olivier Besancenot, qui a soutenu mercredi ces "soutiers" de la SNCF.

Le syndicat Sud Rail a déposé par solidarité un préavis de grève concernant l'ensemble des cheminots de la région Paris Rive Gauche pour le 24 avril.

La CGT-cheminots de la gare d'Austerlitz a déclenché le droit d'alerte dans le cadre du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), faisant état de la "dégradation importante et dangereuse des conditions de travail et d'hygiène" et de "conflits avec les usagers".

Les conséquences du mouvement sont davantage visibles, avec des poubelles qui commencent à déborder, depuis mardi, jour où la quarantaine de salariés de TSI (groupe Advantys) chargés du lavage de la gare elle-même ont rejoint les 150 grévistes du nettoyage des trains.

Hamdi, 36 ans, évoque "un ras-le-bol général": "les départs de salariés ne sont pas remplacés, notre charge s'alourdit". Pour 1.500 euros nets mensuels, il lave l'extérieur de la gare entre minuit et 7H00.

Hlima Aroiss, 49 ans, empoche 1.000 euros "pour préparer avec trois collègues 600 lits par jour", sur les chantiers Masséna ou Tolbiac, par où passent les trains de la gare d'Austerlitz. "A force de pousser les lits on a mal au dos et au canal carpien", dit-elle en montrant son poignet.

Alors qu'à la gare de l'Est, d'où partira bientôt le TGV Est, un accord est intervenu avec la direction de TSI après seulement quatre jours de grève fin mars, à Austerlitz, gare plus petite d'où partent les trains à destination du Sud-Est et du Sud-Ouest, le conflit s'est enlisé et durci.

La SNCF a déposé des plaintes pour "entrave à l'exploitation ferroviaire" ou "dégradations et souillures des trains". Une trentaine d'agents de TSI sont convoqués au commissariat d'ici mercredi prochain.

La société ferroviaire dit faire appel à des cadres "volontaires" pour assurer "des prestations minimales d'hygiène et de confort". D'après un agent de conduite, "on y va en traînant les pieds".

Selon la CFDT-cheminots, à laquelle sont affiliés de nombreux grévistes, Advantys aurait fait venir des salariés espagnols pour nettoyer à Paris le Talgo, qui relie la France et l'Espagne. Puis le groupe aurait embauché des intérimaires.

La direction de TSI se refuse à donner des informations aux médias.

"Un accord est à portée de main. Mais elle refuse de s'engager à ne pas poursuivre ou sanctionner ensuite les grévistes", selon Maurice Amzallag (CFDT).

Le juge des référés du Tribunal de grande instance de Paris avait le 6 avril "ordonné l'expulsion immédiate" des grévistes présents sur les quais d'Austerlitz et de Masséna, au "besoin par la force publique".


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