Le rebondissement intervenu hier dans le dossier de la rémunération des dirigeants a laissé le Medef sans voix. Dans un courrier adressé à la fois à Laurence Parisot et à son homologue de l'Association française des entreprises privées (Afep), Jean-Martin Folz, les ministres de l'Economie et du Travail ont posé un ultimatum. « D'ici au 31 mars prochain, ont écrit Christine Lagarde et Brice Hortefeux, nous souhaitons que vous nous fassiez part de propositions opérationnelles », afin que les demandes de Nicolas Sarkozy sur les bonus des patrons « soient respectées dans la réalité de la vie des entreprises au cours de cette période exceptionnelle » qu'est la crise économique.
« Solidarité de tous »
Lors du sommet social de l'Elysée, le 18 février, le chef de l'Etat avait exigé de tous les mandataires sociaux qu'ils renoncent à la part variable de leur rémunération, dès lors que leur entreprise « recourt massivement à du chômage partiel ou décide un licenciement économique d'ampleur ». L'idée étant d'élargir à tous les secteurs d'activité ce qui s'impose depuis fin 2008 à la banque et à l'automobile, en contrepartie des aides publiques dont ces deux branches bénéficient.
C'est une question de « solidarité de tous pour sauver les entreprises de notre pays », expliquent Christine Lagarde et Brice Hortefeux, qui en appellent à « une forme de solidarité et d'exemplarité de la part des dirigeants », face aux salariés « que l'on prive de revenus » quand on met en place un plan social ou à qui « on impose un sacrifice financier » en recourant au chômage partiel.
Selon eux, le code de bonne conduite publié en octobre par le Medef et l'Afep ne prévoit rien de moins lorsqu'il souligne que la part variable « n'est pas liée au cours de Bourse mais récompense la performance à court terme et le progrès de l'entreprise dans le moyen terme ». En clair, le gouvernement réclame une interprétation sociale dudit code, ainsi qu'une mise en oeuvre plus rapide, alors que se multiplient les plans sociaux, les réductions d'effectifs et les faillites. D'autant que le patronat donne le sentiment à l'exécutif de jouer la montre. Auditionnée la semaine dernière au Sénat, Laurence Parisot avait jugé « fort possible » qu'in fine les sociétés cotées n'appliquent pas le code « à la lettre ». Quant au président de l'Autorité des marchés financiers, Jean-Pierre Jouyet, il avait douché les espoirs de l'exécutif en laissant entendre que le constat de mise en oeuvre du code pourrait être réalisé, au mieux, en juillet.
Dialogue de sourds
L'initiative gouvernementale étonne les milieux patronaux. Elle a mis un mois à se concrétiser mais intervient deux jours seulement avant les grandes manifestations de jeudi. Bizarrement d'ailleurs, les ministres ne précisent pas leurs demandes, à savoir le sens précis du chômage partiel « massif » et des licenciements « d'ampleur » supposés déclencher la suppression des bonus. Dans ce dialogue de sourds, le Medef a donc beau jeu de se poser en victime. Hier, Laurence Parisot a évoqué la « blessure » de certains patrons « inutilement et injustement désignés comme boucs émissaires » pour annoncer le lancement, début avril, d'une « réflexion » sur « ce qu'est l'éthique de l'entreprise en temps de crise ». Il ne s'agit pas d'élaborer un nouveau code de gouvernance, a-t-elle précisé, mais d'« essayer de comprendre quelle doit être la bonne attitude quand il doit y avoir des restructurations ».
« Solidarité de tous »
Lors du sommet social de l'Elysée, le 18 février, le chef de l'Etat avait exigé de tous les mandataires sociaux qu'ils renoncent à la part variable de leur rémunération, dès lors que leur entreprise « recourt massivement à du chômage partiel ou décide un licenciement économique d'ampleur ». L'idée étant d'élargir à tous les secteurs d'activité ce qui s'impose depuis fin 2008 à la banque et à l'automobile, en contrepartie des aides publiques dont ces deux branches bénéficient.
C'est une question de « solidarité de tous pour sauver les entreprises de notre pays », expliquent Christine Lagarde et Brice Hortefeux, qui en appellent à « une forme de solidarité et d'exemplarité de la part des dirigeants », face aux salariés « que l'on prive de revenus » quand on met en place un plan social ou à qui « on impose un sacrifice financier » en recourant au chômage partiel.
Selon eux, le code de bonne conduite publié en octobre par le Medef et l'Afep ne prévoit rien de moins lorsqu'il souligne que la part variable « n'est pas liée au cours de Bourse mais récompense la performance à court terme et le progrès de l'entreprise dans le moyen terme ». En clair, le gouvernement réclame une interprétation sociale dudit code, ainsi qu'une mise en oeuvre plus rapide, alors que se multiplient les plans sociaux, les réductions d'effectifs et les faillites. D'autant que le patronat donne le sentiment à l'exécutif de jouer la montre. Auditionnée la semaine dernière au Sénat, Laurence Parisot avait jugé « fort possible » qu'in fine les sociétés cotées n'appliquent pas le code « à la lettre ». Quant au président de l'Autorité des marchés financiers, Jean-Pierre Jouyet, il avait douché les espoirs de l'exécutif en laissant entendre que le constat de mise en oeuvre du code pourrait être réalisé, au mieux, en juillet.
Dialogue de sourds
L'initiative gouvernementale étonne les milieux patronaux. Elle a mis un mois à se concrétiser mais intervient deux jours seulement avant les grandes manifestations de jeudi. Bizarrement d'ailleurs, les ministres ne précisent pas leurs demandes, à savoir le sens précis du chômage partiel « massif » et des licenciements « d'ampleur » supposés déclencher la suppression des bonus. Dans ce dialogue de sourds, le Medef a donc beau jeu de se poser en victime. Hier, Laurence Parisot a évoqué la « blessure » de certains patrons « inutilement et injustement désignés comme boucs émissaires » pour annoncer le lancement, début avril, d'une « réflexion » sur « ce qu'est l'éthique de l'entreprise en temps de crise ». Il ne s'agit pas d'élaborer un nouveau code de gouvernance, a-t-elle précisé, mais d'« essayer de comprendre quelle doit être la bonne attitude quand il doit y avoir des restructurations ».