Le gouvernement consulte tous azimuts avant le sommet social du 18 février


Rédigé le Lundi 9 Février 2009 à 18:33 | Lu 2187 fois | 0 commentaire(s) modifié le Lundi 9 Février 2009 18:35


Les syndicats et le patronat vont être reçus cette semaine par le gouvernement. L'instauration d'un seuil minimum d'actionnariat salarié pourrait être proposée afin de mieux répartir les profits. L'UMP veut réduire les écarts de salaires dans les entreprises, jugés « intolérables ».


La semaine s'annonce chargée pour les partenaires sociaux. D'ici au 18 février, date à laquelle Nicolas Sarkozy les convie à un « sommet social » consacré aux mesures envisagées pour soulager les Français les plus touchés par la crise, les syndicats et le patronat vont être consultés tous azimuts (lire ci-contre). Par ailleurs, ce soir, toutes les organisations de salariés se réunissent pour faire suite aux manifestations du 29 janvier. Une deuxième journée d'action se profile après le 18 février, les leaders syndicaux soulignant, depuis l'intervention télévisée du chef de l'Etat jeudi soir, l'absence de mesures immédiates sur l'emploi et les salaires.

François Chérèque (CFDT) est « déçu » par des « réponses [qui] ne sont pas à la hauteur » des besoins. « S'agissant des décisions concrètes, le Medef mène 8 milliards à zéro », estime Bernard Thibault (CGT), dans une allusion à la suppression annoncée de la taxe professionnelle. « Par contre, ajoute-t-il, s'agissant des revendications des salariés, on renvoie à des discussions ultérieures ». « Si on doit discuter de la répartition des profits avec le patronat, ça va être très long », faisait remarquer vendredi Jean-Claude Mailly (FO).

Terrain très large

Les partenaires sociaux n'en sont pas moins dans l'embarras, devant la diversité des sujets posés sur la table par Nicolas Sarkozy, certains thèmes (répartition des profits, pouvoir d'achat des classes moyennes) figurant en outre en bonne place dans leurs revendications. Même du côté patronal, où l'on se félicite des propos du chef de l'Etat - le Medef estime avoir été entendu sur la plupart des sujets -, on s'étonne d'être entraîné sur un terrain bien plus large que prévu et l'on juge la méthode « un peu bizarre ». Au départ, il était en effet question d'un grand rendez-vous visant à fixer l'agenda social de 2009. « Au final, on nous demande de traiter de sujets qui sortent, pour certains, du champ de compétences des partenaires sociaux, comme l'impôt sur le revenu », observe la CGPME. Selon le président de l'UIMM (métallurgie), Frédéric Saint-Geours, compte tenu de la crise et de « l'urgence sociale », il faut surtout trouver « le moyen de préserver le lien entre l'employeur et le salarié », en sécurisant les parcours professionnels.

Dans la majorité, le débat sur le partage des profits est lancé. Hier, le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, a « mis sur la table » la question « des écarts de salaires dans les entreprises », jugés « intolérables » et « parfois complètement extravagants ». « Pas d'augmentation de salaires pour quelques uns s'il n'y a pas d'augmentation pour l'ensemble des salariés », a-t-il déclaré sur Europe1, en assurant qu'il « y a des outils à mettre en place ». La loi sur les revenus du travail votée fin 2007 conditionne les allégements de charges des entreprises à l'obligation de négocier sur les salaires. Mais elles n'ont pas d'obligation de résultat. Le haut commissaire à la Jeunesse et aux Solidarités actives contre la pauvreté, Martin Hirsch, préconise de « conditionner une partie des exonérations à la réduction des inégalités entre les 10 % les mieux payés et les 10 % les moins payés dans l'entreprise » (lire page 3). Des propositions qui devraient trouver un écho favorable côté syndical, mais braquer le patronat.

Développer l'actionnariat salarié

Le gouvernement, de son côté, cherche des solutions qui permettraient de concrétiser la volonté de mieux partager les profits. Plusieurs lois ayant déjà été votées pour favoriser l'intéressement et la participation, la piste d'un développement substantiel de l'actionnariat salarié est explorée. Avec en particulier l'idée d'instaurer un pourcentage minimal de capital devant être détenu par les salariés. « Les marchés actions étant très bas, c'est le bon moment pour les entreprises de le faire », estime un conseiller. Pour l'heure, il s'agit d'inviter les partenaires sociaux à négocier et à trouver un accord sur le sujet, faute de quoi le gouvernement légiférerait.


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