La présidente du Medef tente de reprendre langue avec les syndicats. Comme annoncé début février, Laurence Parisot a écrit aux cinq confédérations, lundi, pour leur proposer deux « délibérations sociales ». Un prélude, en théorie, à l'ouverture de négociations. La première délibération viserait à poursuivre la modernisation du marché du travail, engagée en janvier 2008 avec la création de la « rupture conventionnelle » (séparation à l'amiable). Cette fois-ci, crise oblige, le patronat suggère « d'analyser les obstacles au développement de l'emploi et à la sécurisation des parcours professionnels des salariés, notamment de gestion et d'accompagnement des mutations économiques ». Concrètement, il s'agirait surtout de mettre sur la table la « sécurisation » juridique des licenciements économiques, le Medef souhaitant éviter les contestations ultérieures. Et d'évoquer aussi l'égalité salariale hommes-femmes, la conciliation des vies professionnelle et familiale ainsi que « la diversité et la lutte contre les discriminations ». Un accord a déjà été signé en 2006 sur ce dernier thème, mais, très peu contraignant, il est resté sans effet. La seconde « délibération », elle, porterait sur le fonctionnement des organismes paritaires (assurance-chômage, formation, 1 % logement, médecine du travail).
Parallèlement, le ministre du Travail a également écrit aux partenaires sociaux pour leur détailler l'agenda social déjà évoqué lors du sommet de l'Elysée (lire ci-contre). Certains sujets évoqués par le Medef y figurent, comme l'égalité professionnelle, d'autres pas, comme la diversité. Surtout, Brice Hortefeux préconise des négociations sur la meilleure association des salariés à la gouvernance des entreprises, un thème cher aux syndicats (sauf FO) mais sur lequel le Medef refuse jusqu'ici d'ouvrir la porte. Les partenaires sociaux ont dix jours pour répondre. La CFDT et la CFTC sont relativement satisfaites de cet agenda. A l'opposé, Jean-Claude Mailly (FO) juge que « les thèmes proposés ne répondent pas à l'urgence de la crise ; la priorité, c'est de rediscuter salaires, formations, garanties pour l'emploi ». De la même manière, Maryse Dumas (CGT) souligne que l'agenda proposé « manque beaucoup d'ambition et ne reprend pas assez les revendications exprimées par l'intersyndicale ».
Un tournant pour Parisot ?
L'enjeu, désormais, résume Marcel Grignard (CFDT) est de « caler dès à présent un agenda unique, mariant nos attentes, les propositions du Medef et celles du ministère du Travail ». Pas question, expliquent les syndicats, d'évoquer la sécurisation des licenciements sans mettre en place « de nouvelles sécurités pour les salariés aussi » (CFTC) et « avancer sur la transférabilité des droits » (CFDT). De même sont-ils décidés à obtenir une véritable négociation sur le partage des profits, autre thème rejeté par le patronat.
Dans ces conditions, le courrier de Laurence Parisot ne risque pas de détendre une atmosphère fortement dégradée, après la très difficile négociation sur l'assurance-chômage en décembre. Depuis le sommet social du 18 février, plus un jour ne passe sans que le Medef ne soit vertement critiqué. « Provocatrice », selon la CFTC, porteuse d'une vision « rabougrie » de l'économie, pour la CFDT, « beaucoup trop raide », d'après FO, sans « mesure » face à l'actualité, selon l'UMP, « archaïque » et « cynique », d'après le PS, et même « illégitime », selon certains patrons guadeloupéens, Laurence Parisot est fustigée pour son « dogmatisme » et son inflexibilité. Ce début d'année ressemble à un tournant pour celle dont l'arrivée, en juillet 2005, avait au contraire marqué un apaisement entre les patrons et leurs interlocuteurs. A coups de « diagnostics partagés » et de « désaccords constructifs », elle n'a eu de cesse, en bientôt quatre ans, de « sortir des dogmes » dans lesquels, selon elle, s'était enfermé son prédécesseur, Ernest-Antoine Seillière. Une stratégie qui, avec la crise, touche ses limites.
Parallèlement, le ministre du Travail a également écrit aux partenaires sociaux pour leur détailler l'agenda social déjà évoqué lors du sommet de l'Elysée (lire ci-contre). Certains sujets évoqués par le Medef y figurent, comme l'égalité professionnelle, d'autres pas, comme la diversité. Surtout, Brice Hortefeux préconise des négociations sur la meilleure association des salariés à la gouvernance des entreprises, un thème cher aux syndicats (sauf FO) mais sur lequel le Medef refuse jusqu'ici d'ouvrir la porte. Les partenaires sociaux ont dix jours pour répondre. La CFDT et la CFTC sont relativement satisfaites de cet agenda. A l'opposé, Jean-Claude Mailly (FO) juge que « les thèmes proposés ne répondent pas à l'urgence de la crise ; la priorité, c'est de rediscuter salaires, formations, garanties pour l'emploi ». De la même manière, Maryse Dumas (CGT) souligne que l'agenda proposé « manque beaucoup d'ambition et ne reprend pas assez les revendications exprimées par l'intersyndicale ».
Un tournant pour Parisot ?
L'enjeu, désormais, résume Marcel Grignard (CFDT) est de « caler dès à présent un agenda unique, mariant nos attentes, les propositions du Medef et celles du ministère du Travail ». Pas question, expliquent les syndicats, d'évoquer la sécurisation des licenciements sans mettre en place « de nouvelles sécurités pour les salariés aussi » (CFTC) et « avancer sur la transférabilité des droits » (CFDT). De même sont-ils décidés à obtenir une véritable négociation sur le partage des profits, autre thème rejeté par le patronat.
Dans ces conditions, le courrier de Laurence Parisot ne risque pas de détendre une atmosphère fortement dégradée, après la très difficile négociation sur l'assurance-chômage en décembre. Depuis le sommet social du 18 février, plus un jour ne passe sans que le Medef ne soit vertement critiqué. « Provocatrice », selon la CFTC, porteuse d'une vision « rabougrie » de l'économie, pour la CFDT, « beaucoup trop raide », d'après FO, sans « mesure » face à l'actualité, selon l'UMP, « archaïque » et « cynique », d'après le PS, et même « illégitime », selon certains patrons guadeloupéens, Laurence Parisot est fustigée pour son « dogmatisme » et son inflexibilité. Ce début d'année ressemble à un tournant pour celle dont l'arrivée, en juillet 2005, avait au contraire marqué un apaisement entre les patrons et leurs interlocuteurs. A coups de « diagnostics partagés » et de « désaccords constructifs », elle n'a eu de cesse, en bientôt quatre ans, de « sortir des dogmes » dans lesquels, selon elle, s'était enfermé son prédécesseur, Ernest-Antoine Seillière. Une stratégie qui, avec la crise, touche ses limites.