Mode opératoire – Intervention CSE sur l’introduction de l’IA dans une entreprise de recrutement


Rédigé le Lundi 11 Aout 2025 à 23:06 | Lu 59 commentaire(s) modifié le Lundi 11 Aout 2025 23:20


L’introduction de l’intelligence artificielle dans les entreprises ne se résume pas à une évolution technologique : elle modifie en profondeur l’organisation du travail, les missions et parfois l’équilibre psychologique des salariés. Face à ces enjeux, les élus du CSE ont un rôle clé à jouer pour anticiper, encadrer et accompagner ces transformations. Ce mode opératoire détaille, étape par étape, la méthodologie suivie lors d’une mission en entreprise de recrutement, afin d’analyser l’impact de l’IA, protéger la santé au travail et sécuriser l’emploi. Un outil concret que tout CSE peut s’approprier pour transformer un projet technologique en levier de progrès social.


1. Contexte de la mission

L’entreprise, spécialisée dans le recrutement, souhaite intégrer un module d’intelligence artificielle dans son logiciel interne pour faciliter le sourcing de candidats et réduire le temps consacré aux tâches répétitives.
Objectif affiché : gagner en efficacité et mieux organiser le travail, sans intention de licencier.
Cependant, les élus du CSE ont exprimé des inquiétudes :

Risque de suppression de postes de chargés de recrutement.

Impact sur la santé mentale : charge cognitive, perte de sens, modification des rythmes de travail.


2. Objectifs de l’intervention

Analyser l’impact réel de l’IA sur l’organisation du travail.

Évaluer les effets potentiels sur la santé mentale et la QVCT.

Assurer la transparence entre direction et élus.

Proposer des mesures concrètes pour un déploiement maîtrisé.


3. Cadre légal mobilisé

Article L.2312-8 : obligation d’information et de consultation du CSE sur les projets affectant l’organisation, l’emploi et les conditions de travail.

Article L.2315-96 : possibilité de recourir à un expert habilité en santé, sécurité et conditions de travail pour un projet important.

Article L.4121-1 : obligation de protéger la santé physique et mentale des salariés.


4. Étapes du mode opératoire avec argument et analyse des enjeux

Étape 1 – Réunion préparatoire avec les élus

Argument : Cette étape permet aux élus d’identifier collectivement les préoccupations prioritaires avant d’entrer en discussion avec la direction.
Enjeux pour l’entreprise : Préparer un dialogue structuré, éviter des débats dispersés ou émotionnels.
Enjeux pour le CSE : Formuler des questions précises, se doter d’une stratégie commune et éviter les zones d’ombre dans la consultation.
Étape 2 – Demande d’informations complémentaires à la direction

Argument : Les élus ne peuvent exercer leur rôle de contrôle que s’ils disposent d’informations complètes, détaillées et vérifiables.
Enjeux pour l’entreprise : Fournir des éléments factuels renforce sa crédibilité et prévient les suspicions.
Enjeux pour le CSE : Pouvoir analyser les effets concrets (sur les postes, la charge de travail, la formation) et s’appuyer sur des données tangibles pour défendre les salariés.
Étape 3 – Analyse technique et organisationnelle

Argument : Comprendre le fonctionnement réel de l’IA permet d’anticiper ses impacts et d’éviter des effets secondaires non maîtrisés.
Enjeux pour l’entreprise : Optimiser le paramétrage de l’outil, assurer un déploiement fluide et adapté aux besoins métiers.
Enjeux pour le CSE : Identifier les tâches qui disparaissent, celles qui évoluent et celles qui restent, pour orienter les négociations sur la formation, l’adaptation des postes et la préservation des emplois.
Étape 4 – Analyse des impacts sur la santé mentale

Argument : L’IA influence la charge cognitive, le rythme de travail et le sentiment de contrôle, ce qui peut affecter la santé mentale des salariés.
Enjeux pour l’entreprise : Prévenir l’absentéisme, réduire les risques de désengagement et de turnover.
Enjeux pour le CSE : S’assurer que l’employeur respecte son obligation légale de prévention des risques psychosociaux et obtenir l’inscription de ces risques dans le DUERP.
Étape 5 – Restitution et recommandations

Argument : La restitution permet de transformer les constats en plan d’action concret et partagé.
Enjeux pour l’entreprise : Disposer d’un cadre clair pour un déploiement sécurisé et socialement accepté.
Enjeux pour le CSE : Obtenir des engagements écrits (absence de licenciements, formation, suivi post-déploiement) et mettre en place un suivi régulier.


5. Actions réalisées concrètement

Analyse documentaire et technique des informations fournies par la direction.

Entretiens avec les chargés de recrutement pour recueillir leur perception.

Simulation d’utilisation de l’IA pour observer les modifications du flux de travail.

Identification des risques organisationnels et psychosociaux.

Négociation d’engagements écrits sur l’absence de licenciements liés au projet.

Ajout d’un chapitre spécifique au DUERP sur les risques liés à l’IA.


6. Pourquoi les autres CSE doivent suivre cette méthode

Cette démarche démontre que l’IA n’est pas un projet purement technique : elle a des effets humains, organisationnels et sociaux.
En suivant ce mode opératoire, les élus peuvent :

Garder la maîtrise des transformations technologiques.

Obtenir des garanties écrites sur l’emploi et la santé au travail.

S’inscrire dans un dialogue social constructif qui sécurise l’innovation.


7. Message final

L’IA doit être un outil au service du progrès social, pas une source d’incertitude.
Un CSE qui s’appuie sur ses droits à l’information, à la consultation et à l’expertise transforme un projet imposé en un projet co-construit, bénéfique pour tous.

L’expertise technologique, un levier stratégique pour un CSE acteur du changement

Cette mission illustre parfaitement qu’une introduction d’intelligence artificielle n’est jamais un simple ajustement technique : c’est un projet stratégique qui modifie en profondeur les modes de travail, les responsabilités et parfois l’équilibre psychologique des salariés. Elle confirme qu’un CSE qui souhaite réellement protéger les emplois, préserver la santé au travail et améliorer la QVCT doit pouvoir s’appuyer sur une expertise dédiée aux nouvelles technologies.

Chez Instant CSE, nous ne nous contentons pas de “chiffrer” un projet ou d’en analyser les impacts financiers. Nous décryptons la dimension technologique, l’impact organisationnel et les risques humains pour donner aux élus une vision complète et opérationnelle.
Notre savoir-faire repose sur trois piliers :

Une compréhension fine des outils technologiques (IA, automatisation, digitalisation des processus) et de leurs effets réels sur les métiers.

Une maîtrise approfondie du droit du travail et des obligations en matière de santé, sécurité et conditions de travail, pour garantir que chaque recommandation soit juridiquement sécurisée.

Une méthodologie terrain éprouvée, fondée sur l’observation, l’écoute et l’accompagnement du changement.

Aujourd’hui, certains cabinets d’expertise comptable proposent ponctuellement des analyses en matière de nouvelles technologies. Mais l’expertise comptable reste, par essence, focalisée sur les aspects économiques et financiers.
Or, lorsqu’il s’agit d’anticiper les conséquences techniques, organisationnelles et humaines d’une IA ou d’un projet numérique, seule une approche technologique et sociale combinée permet d’identifier avec précision les risques, d’anticiper les besoins de formation et d’élaborer des mesures de prévention adaptées.

C’est cette double compétence – technologique et sociale – qui distingue Instant CSE.
Nous savons dialoguer avec les équipes informatiques, comprendre les logiques d’algorithmes, évaluer les impacts sur les postes, et traduire ces données en mesures concrètes pour sécuriser l’innovation tout en respectant les obligations légales et le bien-être des salariés.

En mobilisant Instant CSE, les élus s’assurent de travailler avec un partenaire qui ne se limite pas à “commenter des chiffres”, mais qui anticipe, analyse et accompagne la transformation numérique dans toutes ses dimensions.
Cette mission l’a démontré : lorsque le CSE est soutenu par une expertise réellement spécialisée, il devient un acteur incontournable dans la construction d’un futur du travail à la fois innovant, responsable et humain.



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