Autonomie. N'importe quel salarié ne tirera pas de bénéfice du travail à domicile. C'est ce qu'affirme le rapport controversé « Télétravail rêvé, rejeté, réel. Halte aux illusions dangereuses ! », réalisé en mai dernier par l'Obergo en partenariat avec la CFDT-cadres.
Fondé sur 75 longs entretiens avec des salariés concernés, les auteurs en concluent que « la réussite du télétravail exige des profils de salariés très spécifiques et peu répandus ». Et de dresser la liste des qualités requises : vouloir et aimer travailler seul hors du collectif de travail, disposer d'une aptitude très importante à l'autonomie (proche du travailleur indépendant), avoir un logement « télétravail compatible », c'est-à-dire disposant d'un espace suscep-tible d'accueillir un bureau isolé. Sans oublier quelques « compétences techniques et informatiques pour assurer la maintenance de son propre matériel », ajoute Yves Lasfargue, directeur de l'Obergo, qui, s'il reconnaît les vertus du travail à distance, s'élève « contre toute incitation au télétravail de la part des pouvoirs publics qui risquerait d'inciter des personnes ne répondant pas à ces critères et de générer beaucoup de frustrations » et un isolement subi.
Pour la consultante Nicole Turbé-Suetens, « c'est à l'employeur d'assurer le support technique et de prévoir les solutions de "back up" nécessaires, y compris simplement de revenir au bureau ». De fait l'accord national interprofessionnel (ANI), signé le 19 juillet 2005, prévoit que l'employeur prenne en charge, aussi, le support technique. Les 14 articles de cet accord définissent, par ailleurs, la pratique, soulignent le fait qu'elle doive être à la fois basée sur le volontariat et réversible, et abordent plusieurs sujets dont les équipements, les conditions de travail des télétravailleurs, leurs droits, leur vie privée ou encore la protection des données personnelles... Mais, à ce jour, aucune proposition de loi, y compris la loi Poisson, ne reprend l'ensemble de ces mesures.