Partage de la valeur: Sarkozy demande aux partenaires sociaux d'aboutir avant le 15 juillet


Rédigé le Vendredi 15 Mai 2009 à 08:25 | Lu 1490 fois | 0 commentaire(s) modifié le Vendredi 15 Mai 2009 08:26



Même si la part de la richesse nationale dévolue aux salaires est restée stable depuis la fin des années 1980, les très hauts salaires se sont envolés par rapport aux autres, constate le rapport de Jean-Philippe Cotis remis mercredi à Nicolas Sarkozy, qui a immédiatement demandé aux partenaires sociaux des propositions avant le 15 juillet.

Le président de la République n'a pas explicitement répété sa menace d'une loi faute d'entente entre les syndicats et le patronat. Mais il avait déjà demandé aux partenaires sociaux de se mettre d'accord pour permettre aux salariés de participer "davantage à la distribution des bénéfices qu'ils ont créés par leur industrie".

"Soit ils arrivent à se mettre d'accord et dans ce cas-là, je ne demanderai pas au législateur d'intervenir. Soit ils ne se mettent pas d'accord et il y aura à l'été un projet de loi", avait-il menacé le 1er avril. Mercredi, le chef de l'Etat leur a donné jusqu'au 15 juillet.

Selon le rapport livré par le directeur général de l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) Jean-Philippe Cotis, qui a travaillé avec les partenaires sociaux, la part de la richesse nationale dévolue aux salaires est restée d'une "stabilité parfaite" depuis 1987, à 67% de la valeur ajoutée.

Le rapport note par ailleurs que les salaires ont progressé très faiblement depuis 20 ans, sous le triple effet de la faiblesse de la croissance, du coût de la protection sociale et de la précarisation des conditions de travail.

Mais cette progression généralement faible masque la forte hausse des très hauts salaires. Ces augmentations pour les mieux payés -1 pour cent ou 1 pour mille- ont "pu contribuer au sentiment de déclassement relatif du salarié médian", note le rapport.

Enfin, le profit des entreprises est essentiellement consacré à l'investissement (57% est épargné) quand un peu plus d'un tiers (36%) est consacré à rémunérer le capital et 7% pour les salariés, par la participation et l'intéressement. Une répartition nettement différente de la règle des trois tiers souhaitée par Nicolas Sarkozy.

Sur ce point, Jean-Philippe Cotis constate notamment que les entreprises ont plus que doublé la part de leur profit qu'elles consacrent à la rémunération de leurs actionnaires, qui est passé de 7,1% en 1993 à 16,3% en 2007. "Pour voir ses revenus augmenter, mieux vaut être rentier que salarié", commente la CFTC dans un communiqué.

Jean-Philippe Cotis s'est félicité d'avoir abouti à un accord des partenaires sociaux "sur le tableau statistique". Mais s'ils saluent ce travail, ces derniers en font une lecture très contrastée, ce qui laisse augurer qu'ils auront du mal à s'entendre sur les mesures à prendre. Une prochaine rencontre est prévue le 27 mai.

Pour Gaby Bonnand, chargé des questions économiques à la CFDT, le rapport prouve que la position des salariés s'est dégradée et que des réformes sont nécessaires pour "prendre mieux en compte leurs intérêts" dans la répartition de la richesse, une analyse partagée par la CGT. D'une manière générale, les syndicats demandent une correction des inégalités par l'impôt, et aussi l'abrogation du bouclier fiscal.

En revanche, la présidente du MEDEF Laurence Parisot juge que les entreprises n'ont "pas à rougir" de la répartition des richesses en France. Comme la CGPME, elle a mis en garde mardi contre une réforme uniforme, notamment concernant le versement d'une part plus grande des profits des entreprises aux salariés.


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