Un sujet incontournable pour le dialogue social
L’intelligence artificielle (IA) transforme déjà le monde du travail : automatisation des tâches, outils de sourcing, logiciels de planification, suivi algorithmique de la performance… Ces innovations ne sont pas neutres. Elles modifient profondément l’organisation du travail, les missions des salariés et parfois leur santé mentale.
Face à ces enjeux, le Comité Social et Économique (CSE) ne peut rester spectateur. La loi lui donne des droits et des leviers pour encadrer ces transformations. Encore faut-il que les élus sachent s’approprier le sujet de l’IA, pour en faire un espace de débat et de négociation avec la direction.
Le cadre juridique : un levier pour agir
Le Code du travail prévoit plusieurs obligations qui s’appliquent dès lors qu’une entreprise envisage d’intégrer l’IA dans ses processus :
Article L.2312-8 : le CSE doit être informé et consulté sur toute décision affectant l’organisation, la gestion et la marche générale de l’entreprise, ainsi que sur les conditions de travail. L’introduction d’un logiciel d’IA répond pleinement à cette définition.
Article L.2315-94 : le CSE peut se faire assister d’un expert-comptable dans le cadre de la consultation sur les orientations stratégiques, la politique sociale et les conditions de travail.
Article L.2315-96 : en cas de projet important modifiant les conditions de travail, le CSE peut recourir à un expert habilité en santé, sécurité et conditions de travail.
👉 Cela signifie que les élus disposent d’un droit d’expertise spécifique pour analyser les impacts de l’IA, et que la direction ne peut pas mettre en place ces projets sans consultation préalable.
Les enjeux pour les élus du CSE
Au-delà de la base juridique, les élus doivent comprendre que l’IA touche trois dimensions majeures :
L’organisation du travail : redéfinition des postes, automatisation partielle de certaines tâches, nouvelles compétences à acquérir.
La santé au travail et la santé mentale : charge cognitive, perte de sens, stress lié à la surveillance algorithmique, isolement numérique.
La Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT) : équilibre entre innovation et respect du bien-être des salariés.
Ne pas s’emparer du sujet, c’est laisser la direction piloter seule l’implantation de l’IA. Pour le CSE, cela signifie perdre une occasion de défendre l’emploi et la santé au travail.
Exemple concret : un logiciel de recrutement basé sur l’IA
Dans une entreprise spécialisée dans le recrutement, la direction a annoncé l’installation d’un module IA pour faciliter le sourcing de candidats. Officiellement, l’objectif était de gagner du temps et d’améliorer l’organisation. Mais les élus se sont inquiétés de deux points :
Risque de suppression de postes de chargés de recrutement.
Impact sur la santé mentale des salariés (charge cognitive, pression liée aux résultats).
Le CSE a décidé de recourir à une expertise en nouvelles technologies. Résultat :
La direction a donné une garantie écrite sur le maintien des effectifs.
Un plan de formation obligatoire a été mis en place pour les conseillers.
Un suivi trimestriel de la charge de travail et des indicateurs de santé mentale a été instauré.
Cet exemple démontre que lorsque les élus utilisent leurs droits, l’IA peut être intégrée sans dégrader les conditions de travail.
Conclusion : un rôle à affirmer
La mise en place de l’IA en entreprise n’est pas seulement une question technique : c’est un enjeu social, organisationnel et humain.
Les élus du CSE ont un rôle clé à jouer pour :
Garantir la transparence de la direction.
Protéger les emplois.
Préserver la santé mentale et la QVCT.
Encadrer la transformation numérique dans l’intérêt collectif.
👉 Message aux élus : mobilisez vos droits et appuyez-vous sur des experts spécialisés comme Instant CSE, qui maîtrisent à la fois les aspects technologiques, juridiques et sociaux. Contrairement à une expertise comptable limitée aux chiffres, Instant CSE offre une approche complète centrée sur l’impact humain et organisationnel.