Challenges.fr | 25.08.2006 | 19:54
Laurence Parisot, présidente du Medef (Mouvement des entreprises de France)
A quelques jours de la rentrée sociale, des discussions bilatérales entre le ministre Gérard Larcher et les partenaires sociaux, et de l’ouverture de l’Université d’été du Medef, Laurence Parisot, la patronne des patrons, explique comment redynamiser le dialogue social en France.
Faut-il un syndicalisme fort en France ?
- Oui. Je suis convaincue qu’il y a tout à gagner à ce qu’il y ait, d’une part, un syndicalisme fort, et d’autre part, une autonomie et une responsabilité plus grandes des partenaires sociaux. Il faut revivifier la société civile. Nous voyons bien que nous sommes au bout d’un système, dans lequel on pensait que l’Etat pouvait tout concevoir et tout décider. Les dysfonctionnements, incohérences, décisions parfois très éloignées de la réalité du terrain montrent les limites d’un tel mode de fonctionnement. Prenez, par exemple, l’affaire du CPE. Le point de départ de la crise résulte d’un mauvais diagnostic de la situation. Il est vraisemblable qu’un meilleur échange avec les différents partenaires sociaux aurait permis de poser une analyse plus pertinente et plus juste.
Que faire alors ?
- Faire en sorte d’élaborer des règles du jeu qui donnent une grande responsabilité aux partenaires sociaux. Le Medef demande une réforme de la Constitution, pour permettre que les accords interprofessionnels entre représentants des entreprises et représentants des syndicats de salariés aient une valeur identique à celle de la loi. C’est ce qui se passe dans les pays du Nord de l’Europe, où la législation sociale est très faible et la norme sociale établie au fur et à mesure des accords conclus entre patronat et syndicats.
Comment pourrait fonctionner ce système en France ?
- Prenons le cas de la durée du travail. Il serait beaucoup plus pertinent que cette durée soit fixée par accord entre organisations syndicales et organisations patronales. Cela permettrait d’avoir une durée du travail qui correspond à la réalité des besoins spécifiques à chaque secteur et à chaque moment, selon la conjoncture. Alors que nous avons aujourd’hui, en France, une durée légale établie d’une manière uniforme, sur l’ensemble du territoire, quelque soient les secteurs d’activité, les spécificités des entreprises. On peut bien sûr convenir que le législateur continue à définir ce qui est d’ordre public, en l’occurrence une durée maximale de travail. Mais qu’au-delà de cela, il ne se mêle pas davantage de l’organisation du travail, que ce soit la confrontation des points de vue entre représentants des entreprises et des salariés qui donne le ton.
Les syndicats français sont faibles, comment les redynamiser, regonfler leurs troupes ?
- Si, par cette réforme de la Constitution que nous demandons, la responsabilisation des partenaires sociaux devient réelle, l’adhésion sera beaucoup naturelle. Aujourd’hui, le salarié n’a aucun intérêt à participer à la vie de son syndicat, car il sait que, de toute façon, c’est l’Etat ou le législateur qui sera le vrai décisionnaire.
Comment abordez-vous la phase d’entretiens bilatéraux que Gérard Larcher entame avec patronat et syndicats sur le dialogue social ?
- Je trouve formidable qu’on aborde ce sujet-là. Au cours des vingt dernières années, il n’y a pas eu un gouvernement, de droite ou de gauche, qui ait osé traiter cette question. Ce qui est très positif aussi, c’est que les discussions se font sur la base du rapport de Dominique-Jean Chertier (qui propose des pistes pour refonder le dialogue social, ndlr). Ce rapport énonce des points sur lesquels les différents partenaires pourraient facilement se mettre d’accord, par exemple réduire le nombre d’instances de concertation, qui aujourd’hui sont pléthoriques. Autre proposition intéressante: s’engager vers une obligation de concertation. A mes yeux, ce n’est pas suffisant, mais c’est un premier pas très encourageant.
Votre Université d’été intitulée "concilier l’inconciliable" commence le 29 août. Dans quel état d’esprit l’abordez-vous ?
- Avec impatience et curiosité. Nous avons une richesse et une diversité d’intervenants grâce auxquels, je l’espère, nous arriverons à dégager des idées nouvelles et des approches innovantes, nécessaires à notre pays. "Concilier l’inconciliable", c’est un impératif que nous devons tous avoir en tête, pour avancer au service de notre pays.
Faut-il un syndicalisme fort en France ?
- Oui. Je suis convaincue qu’il y a tout à gagner à ce qu’il y ait, d’une part, un syndicalisme fort, et d’autre part, une autonomie et une responsabilité plus grandes des partenaires sociaux. Il faut revivifier la société civile. Nous voyons bien que nous sommes au bout d’un système, dans lequel on pensait que l’Etat pouvait tout concevoir et tout décider. Les dysfonctionnements, incohérences, décisions parfois très éloignées de la réalité du terrain montrent les limites d’un tel mode de fonctionnement. Prenez, par exemple, l’affaire du CPE. Le point de départ de la crise résulte d’un mauvais diagnostic de la situation. Il est vraisemblable qu’un meilleur échange avec les différents partenaires sociaux aurait permis de poser une analyse plus pertinente et plus juste.
Que faire alors ?
- Faire en sorte d’élaborer des règles du jeu qui donnent une grande responsabilité aux partenaires sociaux. Le Medef demande une réforme de la Constitution, pour permettre que les accords interprofessionnels entre représentants des entreprises et représentants des syndicats de salariés aient une valeur identique à celle de la loi. C’est ce qui se passe dans les pays du Nord de l’Europe, où la législation sociale est très faible et la norme sociale établie au fur et à mesure des accords conclus entre patronat et syndicats.
Comment pourrait fonctionner ce système en France ?
- Prenons le cas de la durée du travail. Il serait beaucoup plus pertinent que cette durée soit fixée par accord entre organisations syndicales et organisations patronales. Cela permettrait d’avoir une durée du travail qui correspond à la réalité des besoins spécifiques à chaque secteur et à chaque moment, selon la conjoncture. Alors que nous avons aujourd’hui, en France, une durée légale établie d’une manière uniforme, sur l’ensemble du territoire, quelque soient les secteurs d’activité, les spécificités des entreprises. On peut bien sûr convenir que le législateur continue à définir ce qui est d’ordre public, en l’occurrence une durée maximale de travail. Mais qu’au-delà de cela, il ne se mêle pas davantage de l’organisation du travail, que ce soit la confrontation des points de vue entre représentants des entreprises et des salariés qui donne le ton.
Les syndicats français sont faibles, comment les redynamiser, regonfler leurs troupes ?
- Si, par cette réforme de la Constitution que nous demandons, la responsabilisation des partenaires sociaux devient réelle, l’adhésion sera beaucoup naturelle. Aujourd’hui, le salarié n’a aucun intérêt à participer à la vie de son syndicat, car il sait que, de toute façon, c’est l’Etat ou le législateur qui sera le vrai décisionnaire.
Comment abordez-vous la phase d’entretiens bilatéraux que Gérard Larcher entame avec patronat et syndicats sur le dialogue social ?
- Je trouve formidable qu’on aborde ce sujet-là. Au cours des vingt dernières années, il n’y a pas eu un gouvernement, de droite ou de gauche, qui ait osé traiter cette question. Ce qui est très positif aussi, c’est que les discussions se font sur la base du rapport de Dominique-Jean Chertier (qui propose des pistes pour refonder le dialogue social, ndlr). Ce rapport énonce des points sur lesquels les différents partenaires pourraient facilement se mettre d’accord, par exemple réduire le nombre d’instances de concertation, qui aujourd’hui sont pléthoriques. Autre proposition intéressante: s’engager vers une obligation de concertation. A mes yeux, ce n’est pas suffisant, mais c’est un premier pas très encourageant.
Votre Université d’été intitulée "concilier l’inconciliable" commence le 29 août. Dans quel état d’esprit l’abordez-vous ?
- Avec impatience et curiosité. Nous avons une richesse et une diversité d’intervenants grâce auxquels, je l’espère, nous arriverons à dégager des idées nouvelles et des approches innovantes, nécessaires à notre pays. "Concilier l’inconciliable", c’est un impératif que nous devons tous avoir en tête, pour avancer au service de notre pays.