
La commission créée par Xavier Darcos pour « simplifier le droit du travail » est suspendue sans jamais s'être réunie. Eric Woerth « considère que ce n'est pas un chantier prioritaire » et « remarque qu'il n'était pas inscrit à l'agenda social (...) pour 2010 ». Hier, le Premier ministre a réuni les ministres concernés par les questions de l'emploi.
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Après le « name and shame » sur le stress, le projet de « simplification du droit du travail ». Décidément, les initiatives de Xavier Darcos, résistent mal à son départ de la rue de Grenelle. La commission constituée autour du directeur des ressources humaines du groupe Vinci, Franck Mougin, ne devrait pas être installée de sitôt. Ses travaux sont suspendus avant même d'avoir commencé… Eric Woerth, qui lui a succédé au ministère du Travail, « considère que ce n'est pas un chantier prioritaire au regard des autres chantiers [qu'il a] à mener -stress, conditions de travail, retraites - » et il « remarque que ce n'était pas inscrit à l'agenda social arrêté par le président de la République pour 2010 », affirme-t-on dans son entourage.
Initiative sans filet
Il est vrai que Xavier Darcos avait agi sans filet. Sans avoir eu l'aval ni de l'Elysée ni de Matignon, il avait demandé mi-février au DRH de Vinci de constituer une commission pour travailler à des propositions visant à « simplifier » le droit du travail, lui fixant comme échéance novembre prochain. Alors même que le gouvernement avait achevé en mai 2008 une vaste ré-écriture du Code du travail censée remplir cet objectif. Mis devant le fait accompli, tous les syndicats avaient violemment protesté. Or, à la veille d'ouvrir le dossier explosif des retraites, cela n'aurait pas été très habile de créer un autre casus belli avec les confédérations.
C'est dans le même contexte social qu'il faut resituer la réunion organisée hier matin par le Premier ministre avec les membres du gouvernement en charge de l'emploi, Christine Lagarde et Laurent Wauquiez, le ministre du Budget, François Baroin, et le directeur général de Pôle emploi et celui de l'Association pour la formation professionnelle des adultes, Christian Charpy et Philippe Caïla. Un rendez-vous qui devrait se reproduire désormais régulièrement, le prochain étant prévu dans quinze jours à trois semaines.
Fillon au créneau
Une telle appropriation par François Fillon de la question de l'emploi est nouvelle puisque jusqu'à présent, c'est un domaine que le chef de l'Etat s'était largement réservé. Le chef du gouvernement entend peser dans les choix qui seront faits lors du sommet sur l'emploi à l'Elysée, prévu initialement en avril mais qui se tiendra en mai. Rien de concret n'a cependant été décidé hier.
Le Premier ministre « a rappelé que l'emploi constitue la première priorité du gouvernement et a insisté sur la nécessaire mobilisation de l'ensemble des ministres autour de cet objectif », a simplement indiqué Matignon. Le dossier des chômeurs en fin de droits que le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, avait promis de régler « fin mars », est donc toujours en suspens.
LEÏLA DE COMARMOND, Les Echos