
Ce qui se situait, il y a peu, essentiellement dans la tête des salariés ou bien se limitait aux conversations entre collègues autour de la machine à café est aujourd'hui devenu un débat de société. Le stress est au centre de toutes les conversations. Cette question est même en train d'occuper un nouveau terrain, celui des tribunaux, alors que la loi oblige les entreprises à agir. Au civil, le déni tombe et de plus en plus de salariés songent à faire des déclarations d'accidents du travail ou de maladies professionnelles liés au stress.
Une jurisprudence qui s'étoffe
Chez Renault, le suicide à son domicile d'un salarié du Technocentre de Guyancourt (Yvelines) en 2007 vient d'être reconnu comme accident du travail par le tribunal des affaires de Sécurité sociale de Versailles, et la famille peut désormais demander la reconnaissance d'une éventuelle « faute inexcusable » du constructeur. Et, de son côté, la Cour de cassation a même estimé, en novembre 2009, qu'une méthode de gestion du personnel pouvait être considérée comme un harcèlement moral à l'égard d'un salarié. Quant au plan pénal, la jurisprudence sur le stress au travail se développe peu à peu. L'inspection du travail vient, par exemple, de transmettre à la justice des éléments sur un possible « homicide involontaire par imprudence » commis chez France Télécom après le suicide d'un salarié à Besançon en 2009.
Après des années de déni, des entreprises (le groupe pharmaceutique GSK, bientôt Picard Surgelés, etc.) avancent dans la négociation d'accords destinés à réduire le stress de leurs salariés, un mois après la publication, puis le retrait, par le ministère du Travail, d'un palmarès de 652 entreprises de plus de 1.000 salariés engagées à lutter contre le stress. D'autres comme Danone, vertueuses dès le départ, annoncent déjà avoir signé avec les cinq organisations syndicales un accord-cadre France sur le stress et les risques psychosociaux. Mais il s'agit d'initiatives de grandes entreprises ; le cas de celles de moins 1.000 salariés n'est pas pris en compte par les pouvoirs publics.
Grande nouveauté : il n'y a pas que le stress des salariés. Du dirigeant stresseur, l'attention commence aussi à dévier sur le patron stressé. Un sujet hautement tabou car, pour un patron, se reconnaître stressé, c'est sortir des règles tacites de son clan. Récemment toutefois, un coup de projecteur a été mis sur le stress des dirigeants de PME (« Les Echos » du 23 février). Car, si beaucoup de petits patrons anticipent le stress au démarrage d'une activité, peu l'imaginent en continu. Devoir tout porter à bout de bras, risquer la faillite personnelle, ou impacter par leurs décisions la vie de famille de salariés peut provoquer chez eux des symptômes récurrents d'insomnies chroniques, de poussées d'angoisse, d'épuisement, de maladies psychosomatiques (dos bloqués, psoriasis, voix fêlée, etc.), voire de suicides. Quant aux grands patrons, ils ne sont pas non plus épargnés par la pression des actionnaires, des marchés financiers, de l'opinion, des pouvoirs publics…
De Daniel Bouton (Société Générale) à la suite de l'affaire Kerviel à Anne Lauvergeon (Areva) avec ses difficultés avec l'EPR, les débats houleux sur la filière nucléaire française et la cession à contrecoeur de la filiale T & D, en passant par l'éviction d'un Christian Streiff (PSA) désavoué par ses actionnaires ou encore un Christophe de Margerie dont le groupe passe régulièrement sous les feux de l'opprobre publique.
Une jurisprudence qui s'étoffe
Chez Renault, le suicide à son domicile d'un salarié du Technocentre de Guyancourt (Yvelines) en 2007 vient d'être reconnu comme accident du travail par le tribunal des affaires de Sécurité sociale de Versailles, et la famille peut désormais demander la reconnaissance d'une éventuelle « faute inexcusable » du constructeur. Et, de son côté, la Cour de cassation a même estimé, en novembre 2009, qu'une méthode de gestion du personnel pouvait être considérée comme un harcèlement moral à l'égard d'un salarié. Quant au plan pénal, la jurisprudence sur le stress au travail se développe peu à peu. L'inspection du travail vient, par exemple, de transmettre à la justice des éléments sur un possible « homicide involontaire par imprudence » commis chez France Télécom après le suicide d'un salarié à Besançon en 2009.
Après des années de déni, des entreprises (le groupe pharmaceutique GSK, bientôt Picard Surgelés, etc.) avancent dans la négociation d'accords destinés à réduire le stress de leurs salariés, un mois après la publication, puis le retrait, par le ministère du Travail, d'un palmarès de 652 entreprises de plus de 1.000 salariés engagées à lutter contre le stress. D'autres comme Danone, vertueuses dès le départ, annoncent déjà avoir signé avec les cinq organisations syndicales un accord-cadre France sur le stress et les risques psychosociaux. Mais il s'agit d'initiatives de grandes entreprises ; le cas de celles de moins 1.000 salariés n'est pas pris en compte par les pouvoirs publics.
Grande nouveauté : il n'y a pas que le stress des salariés. Du dirigeant stresseur, l'attention commence aussi à dévier sur le patron stressé. Un sujet hautement tabou car, pour un patron, se reconnaître stressé, c'est sortir des règles tacites de son clan. Récemment toutefois, un coup de projecteur a été mis sur le stress des dirigeants de PME (« Les Echos » du 23 février). Car, si beaucoup de petits patrons anticipent le stress au démarrage d'une activité, peu l'imaginent en continu. Devoir tout porter à bout de bras, risquer la faillite personnelle, ou impacter par leurs décisions la vie de famille de salariés peut provoquer chez eux des symptômes récurrents d'insomnies chroniques, de poussées d'angoisse, d'épuisement, de maladies psychosomatiques (dos bloqués, psoriasis, voix fêlée, etc.), voire de suicides. Quant aux grands patrons, ils ne sont pas non plus épargnés par la pression des actionnaires, des marchés financiers, de l'opinion, des pouvoirs publics…
De Daniel Bouton (Société Générale) à la suite de l'affaire Kerviel à Anne Lauvergeon (Areva) avec ses difficultés avec l'EPR, les débats houleux sur la filière nucléaire française et la cession à contrecoeur de la filiale T & D, en passant par l'éviction d'un Christian Streiff (PSA) désavoué par ses actionnaires ou encore un Christophe de Margerie dont le groupe passe régulièrement sous les feux de l'opprobre publique.