Le fondement juridique du droit d’alerte “droits des personnes”
Le droit d’alerte est expressément prévu par le Code du travail, à l’article L.2312-59.
Il peut être exercé lorsqu’un membre du CSE constate une atteinte aux droits des personnes, notamment en matière de :
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respect de la dignité,
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libertés individuelles et collectives,
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santé physique ou mentale,
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protection contre les discriminations,
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respect de la vie privée.
Ce droit d’alerte ne suppose pas qu’un dommage soit déjà pleinement constitué. Il peut être déclenché dès lors qu’une situation fait naître un risque sérieux d’atteinte aux droits fondamentaux des salariés.
Des situations concrètes, loin d’être marginales
Dans la pratique, le droit d’alerte peut être mobilisé dans de nombreuses situations rencontrées par les élus du CSE, parmi lesquelles :
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des pratiques managériales humiliantes ou dégradantes ;
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des pressions excessives ou répétées sur certains salariés ;
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des sanctions disciplinaires disproportionnées ;
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des atteintes à la vie privée (surveillance abusive, divulgation d’informations personnelles) ;
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des discriminations liées à l’état de santé, à l’âge, au sexe ou à l’engagement syndical ;
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des situations de souffrance au travail non prises en compte par l’employeur.
Ces situations relèvent directement de la mission du CSE en matière de protection des droits et de la santé des salariés.
Comment exercer le droit d’alerte ? Une procédure encadrée
Lorsqu’un élu constate une atteinte aux droits des personnes, il doit en saisir immédiatement l’employeur. Cette saisine peut être écrite ou formalisée dans un registre spécifique lorsqu’il existe.
L’employeur est alors tenu de :
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procéder sans délai à une enquête, en associant le membre du CSE à l’origine de l’alerte ;
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prendre les mesures nécessaires pour faire cesser la situation si les faits sont avérés.
En cas de désaccord sur la réalité de l’atteinte ou sur les mesures à prendre, le CSE peut décider de saisir le conseil de prud’hommes, statuant en référé.
Cette procédure confère au droit d’alerte une portée juridique forte et contraignante.
Un outil de prévention avant tout
Le droit d’alerte n’est pas un outil de confrontation systématique. Il s’inscrit avant tout dans une logique de prévention et de régulation des situations à risque.
Bien utilisé, il permet :
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de poser un cadre clair face à des dérives ;
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d’obliger l’employeur à se saisir de situations parfois minimisées ;
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de protéger les salariés sans attendre une dégradation irréversible ;
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de structurer le dialogue social autour des droits fondamentaux.
Pour les élus, il s’agit d’un moyen de passer du constat à l’action, en s’appuyant sur un fondement juridique solide.
Le rôle central du CSE dans la protection des libertés au travail
La jurisprudence récente rappelle régulièrement que les libertés individuelles et la santé mentale font pleinement partie du champ de protection du droit du travail. Le CSE n’est donc pas seulement consulté sur des projets économiques ou organisationnels : il est un acteur de la protection des personnes au travail.
L’exercice du droit d’alerte engage la responsabilité collective des élus. Il suppose une analyse rigoureuse des faits, une posture mesurée et une capacité à articuler droit, conditions de travail et dialogue social.
Former les élus : un enjeu stratégique
La bonne utilisation du droit d’alerte nécessite une maîtrise juridique et une lecture fine des situations de travail. La formation des élus du CSE et des membres de la commission SSCT est donc essentielle pour sécuriser les démarches, éviter les dérives et renforcer la crédibilité de l’action collective.
À retenir
Le droit d’alerte du CSE en cas d’atteinte aux droits des personnes n’est ni symbolique ni marginal. Il constitue un outil juridique structurant, au cœur de la mission des représentants du personnel, et un levier essentiel pour préserver la dignité, la santé et les libertés des salariés.
Pour aller plus loin : se former et s’entourer pour sécuriser l’exercice du droit d’alerte
L’exercice du droit d’alerte en cas d’atteinte aux droits des personnes engage la responsabilité collective des élus du CSE. S’il constitue un levier juridique puissant, il suppose une bonne maîtrise du cadre légal, une capacité d’analyse des situations de travail et une méthode rigoureuse pour sécuriser les démarches engagées.
C’est dans cette perspective que la formation des élus du CSE et des membres de la commission SSCT revêt un caractère essentiel. Elle permet de comprendre les conditions de déclenchement du droit d’alerte, d’en mesurer les enjeux, d’identifier les risques juridiques et de structurer un dialogue social efficace avec l’employeur.
Au-delà de la formation, les élus peuvent également s’appuyer sur des prestations d’accompagnement adaptées, telles que l’appui à l’analyse de situations sensibles, l’aide à la formalisation d’une alerte, l’accompagnement lors d’enquêtes ou d’inspections, ou encore l’assistance à la construction d’un argumentaire juridiquement sécurisé. Ces interventions permettent aux élus de ne pas rester isolés face à des situations complexes et de transformer le droit d’alerte en un outil de prévention réellement opérationnel.
Former, outiller et accompagner les élus, c’est renforcer la capacité du CSE à protéger les droits des salariés et à inscrire son action dans une dynamique de dialogue social durable et responsable.

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