Huit composantes interdépendantes
Dans une perspective systémique, il est possible d’identifier huit composantes fondamentales de la santé mentale au travail, souvent abordées séparément dans les pratiques, mais profondément articulées dans l’expérience réelle des salariés :
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Le sentiment d’utilité et de reconnaissance, moteur de l’engagement subjectif, inscrit le travail dans une dynamique de valorisation sociale et personnelle.
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L’autonomie, entendue comme capacité d’agir dans un cadre clair, favorise l’initiative et la responsabilité.
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La clarté des rôles, garante d’un travail bien orienté, repose sur une compréhension partagée des attentes et des limites.
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La qualité des relations professionnelles, pierre angulaire du collectif, conditionne la coopération et la confiance.
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L’ajustement entre exigences et ressources détermine la soutenabilité de l’activité.
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L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est une exigence d’articulation respectueuse des temporalités.
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La quête de sens engage une réflexion sur l’utilité sociale du travail et sa cohérence avec les valeurs personnelles.
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La sécurité psychologique permet d’exprimer un désaccord, une erreur ou une alerte, sans craindre des représailles.
Une approche qui interroge l’organisation du travail
Chacune de ces dimensions renvoie à des choix managériaux, à des règles implicites ou explicites d’organisation, mais aussi à des rapports de pouvoir. Ce n’est pas uniquement l’individu qu’il faut « renforcer », mais bien l’environnement de travail qu’il faut transformer. Les politiques de prévention doivent donc dépasser la seule injonction à la résilience pour interroger les conditions d’exercice du travail réel.
Penser la santé mentale au travail, c’est penser le travail lui-même. Cela suppose de reconnaître que les atteintes à la santé psychique sont souvent les symptômes d’un désajustement organisationnel, d’une perte de sens, ou d’un déficit de reconnaissance.