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La fusion entre l'Ecureuil et les Banques populaires se complique

Mardi 3 Février 2009

L'Etat s'implique, pour accélérer la fusion des Caisses d'épargne et des Banques populaires. Afin de donner corps à un projet annoncé depuis octobre 2008, la ministre de l'économie, Christine Lagarde, demande aux deux réseaux mutualistes de vite déposer leur demande d'agrément devant le Comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement (CECEI), comme le confie son entourage. C'est ce dernier qui dira s'il autorise la création du nouvel ensemble.


La fusion entre l'Ecureuil et les Banques populaires se complique
De fait, en dépit de la crise, des lourdes pertes que doit annoncer l'Ecureuil pour l'année 2008, et de celles, probables, des Banques populaires, l'Elysée et Bercy considèrent qu'il s'agit d'"un beau projet". Les pouvoirs publics considèrent surtout que le temps de la réflexion et du débat - sur la valeur des actifs et les futurs dirigeants - n'a que trop duré. Il serait bon, estime-t-on au sommet de l'Etat, que le dossier soit réglé "dans les prochaines semaines".

Cependant, un grain de sable vient de se glisser dans la machine. Alors que les discussions en vue d'un rapprochement des deux groupes sont avancées, et mobilisent moult banques d'affaires et cabinets de communication, les Banques populaires ont élaboré un nouveau projet de mariage.

Ce projet, présenté il y a une semaine, ne passe plus par la fusion des organes centraux des deux groupes - la Caisse nationale des caisses d'épargne (CNCE), d'un côté, et la Banque fédérale des Banques populaires (BFBP) de l'autre -, et la mise en commun des participations des deux groupes dans leurs filiales - leurs métiers. Il propose un schéma de fusion a minima, dans lequel serait créé un organe de gouvernance commun au-dessus de la CNCE et de la BFBP, sans apport de participations.

Pour les Banques populaires, cette proposition a l'intérêt de supprimer la "soulte" à verser à l'Ecureuil, pour compenser la différence de valeur entre les actifs des deux réseaux. Cette soulte est estimée entre 1 milliard d'euros et 1,5 milliard d'euros, un montant que les Banques populaires se refusent aujourd'hui à payer.

Ce nouveau projet de fusion viserait également à écarter les risques que le groupe présidé par Philippe Dupont ne voudrait pas prendre, dont ceux liés au Crédit foncier, la filiale immobilière de l'Ecureuil. Il aurait finalement pour avantage d'être plus facilement accepté par le réseau de banques régionales. Comme aux Caisses d'épargne, les patrons des régions redoutent une fusion déséquilibrée et une perte d'indépendance.

DEUX ÉTAPES

La nouvelle proposition des Banques populaires contraint donc l'Ecureuil à revoir l'édifice du projet. Elle ne semble cependant pas compromettre la bonne fin des travaux. Comme leur partenaire, les Caisses d'épargne reconnaissent, en effet, que la volatilité des marchés financiers complique la valorisation de leurs apports respectifs.

Déjà, les équipes se sont remises à l'ouvrage. Elles travaillent désormais sur une hypothèse où la fusion se déroulerait en deux étapes. La première serait conforme au souhait des Banques populaires, avec la création d'un organe de gouvernance chapeautant la CNCE et la BFBP.

Dans un deuxième temps, les participations seraient apportées de manière progressive, "à mesure que les conditions de marché le permettront", souligne un négociateur. La méfiance reste toutefois de mise entre les "promis", alors que chacun soupçonne l'autre de vouloir le déshabiller.

Ces travaux se déroulent sous l'oeil attentif des autorités de tutelle. Lors d'une première présentation informelle du projet à la Commission bancaire fin 2008, celle-ci a rappelé qu'un organe central de banque doit être doté d'une vocation de gouvernance et de pilotage, et doit porter les participations. Les pouvoirs publics veulent, eux, une vraie fusion.
lemonde.fr, Anne Michel
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