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Élus sous pression : les risques psychosociaux, une réalité trop souvent oubliée


Rédigé le Mardi 7 Octobre 2025 à 11:12 | Lu 64 commentaire(s) modifié le Mardi 7 Octobre 2025 - 11:32


Les élus du CSE sont en première ligne du dialogue social. Porteurs des préoccupations des salariés, confrontés à la direction, ils doivent souvent arbitrer entre exigences économiques et protection de la santé au travail. Mais qui veille à leur propre santé mentale ?
Si la santé mentale au travail concerne chaque salarié, les risques psychosociaux (RPS) relèvent d’une dimension plus large : celle des facteurs organisationnels et relationnels générés par le travail lui-même. Comprendre la différence, c’est le premier pas pour agir.


La santé mentale au travail : une obligation de protection individuelle

La santé mentale désigne l’équilibre psychologique d’un individu dans son environnement professionnel.
L’article L.4121-1 du Code du travail impose à l’employeur de « prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ».
Cette obligation vise chaque salarié individuellement, y compris les élus du personnel, qui restent avant tout des salariés soumis à des contraintes de charge, de temps et d’émotion.

Protéger la santé mentale, c’est :

  • permettre un équilibre entre vie personnelle et professionnelle ;

  • prévenir la surcharge émotionnelle liée au poste ;

  • garantir des relations de travail respectueuses ;

  • favoriser l’accès au soutien (infirmière du travail, psychologue du travail, espaces de parole).

La santé mentale est donc une finalité : préserver la personne dans son intégrité psychologique.


Les risques psychosociaux : une responsabilité collective et organisationnelle

Les risques psychosociaux ne sont pas des troubles individuels, mais des situations de travail génératrices de risques.
Ils regroupent un ensemble de facteurs liés à l’organisation, à la communication, aux exigences de performance ou à la reconnaissance.

Selon la définition de l’INRS, les RPS recouvrent notamment :

  • le stress chronique, lié à un écart entre les exigences et les ressources disponibles ;

  • les violences internes (conflits, management délétère, harcèlement) ;

  • les violences externes (agressions d’usagers, de clients ou de patients) ;

  • la perte de sens ou le manque de reconnaissance au travail.

Les RPS ne concernent donc pas seulement la santé de l’individu, mais la structure même du travail. Leur évaluation doit figurer dans le Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), conformément à l’article R.4121-2 du Code du travail.


Quand les élus du CSE deviennent eux-mêmes exposés

Les élus du CSE se trouvent souvent dans une position paradoxale : ils veillent à la santé des autres, mais subissent eux-mêmes des tensions importantes.
Les causes sont nombreuses :

  • exposition permanente aux conflits entre salariés et direction ;

  • charge mentale liée à la représentation du collectif ;

  • difficultés à concilier mandat, activité professionnelle et vie personnelle ;

  • isolement, manque de reconnaissance ou pression hiérarchique.

Ces situations peuvent conduire à la fatigue psychique, à l’épuisement, voire à un burn-out militant.
Pourtant, les élus disposent de droits spécifiques pour se protéger :

  • une formation obligatoire en santé, sécurité et conditions de travail (article L.2315-18) ;

  • le soutien de la Commission SSCT pour analyser les risques organisationnels ;

  • le recours à une expertise en cas de risques graves (article L.2315-94).

Agir sur les RPS des élus, c’est préserver leur capacité à exercer pleinement leur mandat et à garantir un dialogue social durable.


Pourquoi la confusion entre santé mentale et RPS freine la prévention

De nombreuses entreprises confondent encore santé mentale (l’état du salarié) et RPS (les causes organisationnelles).
Résultat : on traite les symptômes au lieu des causes.
Une cellule d’écoute est mise en place, mais sans repenser la charge de travail.
Un séminaire de cohésion est organisé, mais sans revoir les pratiques managériales.
Une campagne de sensibilisation est lancée, mais sans diagnostic préalable.

Or, le droit du travail impose une évaluation des risques à la source.
La prévention doit être primaire, c’est-à-dire agir sur les causes organisationnelles, avant d’être secondaire ou tertiaire (soins ou compensation).
L’objectif n’est donc pas seulement de « soutenir » les salariés en difficulté, mais de modifier les conditions de travail pour éviter que la souffrance ne s’installe.


Le rôle clé du CSE et l’importance d’un accompagnement méthodique

Le CSE a la légitimité et la responsabilité d’aborder les RPS, mais il doit disposer d’une méthode structurée pour être efficace.
Un accompagnement par un consultant spécialisé permet de :

  • objectiver les constats à partir de données (absentéisme, accidents, turnover, climat social) ;

  • réaliser des entretiens individuels et collectifs garantissant la confidentialité ;

  • formuler des propositions d’action réalistes et juridiquement fondées ;

  • faciliter le dialogue entre élus, direction et salariés ;

  • sécuriser la démarche en cas de contrôle de l’inspection du travail.

Sans accompagnement, l’analyse des RPS reste souvent partielle ou purement déclarative. Avec un consultant, elle devient un levier concret pour améliorer les conditions de travail et prévenir les conflits.


Conclusion

Les élus du CSE sont les garants de la santé au travail, mais ils ne doivent pas négliger la leur.
Faire la distinction entre santé mentale (état individuel) et risques psychosociaux (causes collectives) permet d’agir à la fois sur les personnes et sur l’organisation du travail.
La prévention des RPS n’est pas un supplément d’âme : c’est une obligation légale, un devoir moral et un pilier du dialogue social.
Pour que les élus puissent exercer leur mandat sans s’épuiser, la santé mentale au travail doit devenir un sujet collectif, méthodique et accompagné.






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