
Ambiance singulièrement banale hier aux portes de la raffinerie de Normandie (Total) sur la zone industrielle du Havre. Le calme avant la tempête ? Car de réelles menaces en terme d'emploi et de production pèsent sur le site de Gonfreville-l'Orcher (lire notre édition d'hier) : suppression de 200 postes sur les 1 100 actuels et réduction de la production de 25 %. La capacité de l'une des plus grosses raffineries d'Europe passerait de 12 à 16 millions de tonnes.
En attendant les annonces officielles de leur direction, mardi 10 mars lors d'un Comité central d'entreprise (CCE), les salariés sont dans l'expectative. « Je n'en sais pas plus que vous. Ça discute dans les couloirs. On entend des bruits. Nous sommes bien obligés d'en parler entre collègues. Tout ça nous inquiète », confie du bout des lèvres un salarié sur le point de rentrer chez lui.
Côté syndicat, on est plus prolixe. Mais tout aussi inquiet. « Nous sommes convaincus que cette info donnée à la presse nationale est volontaire pour atténuer le choc d'une telle annonce », remarque Philippe Saunier, délégué CGT, le syndicat majoritaire à la raffinerie. « La semaine dernière, à Paris, la direction nous a parlé de 300 emplois supprimés. Ce ne sera pas des licenciements secs, nous verrons… La majorité est à Gonfreville-l'Orcher. Mais quand on parle d'emplois dans le raffinage, il y a des emplois induits avec la sous-traitance ou le port du Havre. C'est un pour cinq. C'est donc un très mauvais coup pour la région havraise. Il y a près de 1 000 emplois dans la balance… »
L'annonce, toujours à confirmer, d'un investissement de 800 millions d'euros est jugée « positif » par la CGT. « On nous a même parlé de 850 millions d'euros à Paris mais cela n'occulte pas la perte des emplois et la baisse de production. Il faut savoir qu'une telle somme, qui peut paraître considérable, ne représente qu'un dixième de ce que Total investit actuellement au Moyen-Orient ! » juge Philippe Saunier. Le syndicaliste est convaincu que Total « a beaucoup réfléchi à la façon de faire ces annonces à cause de la situation difficile chez Renault à Sandouville. »
Des distributions de tracts auront lieu en début de semaine sur le site de la Raffinerie de Normandie. Déjà les organisations syndicales appellent à la grève dans l'ensemble des raffineries Total le 19 mars. La branche chimie est aussi inquiète puisqu'un CCE est prévu mardi avec des annonces de suppression de postes, notamment chez Total-Petrochemicals, toujours à Gonfreville l'Orcher.
STEPHANE ROUSSEAU et ALAIN LEMARCHAND
14 milliards d'euros de bénéfices en 2008
Début février, le groupe Total a annoncé son bilan 2008. Alors que toutes les entreprises font le dos rond en cette période de crise, le groupe pétrolier a annoncé un bénéfice record de 14 milliards d'euros.
Certes, Total a connu un quatrième trimestre 2008 marqué par des résultats nets en baisse de 8 %, conséquence de la chute du cours du pétrole brut, mais pour l'ensemble de l'exercice 2008, le groupe français affiche des profits « historiques ».
Ils sont en hausse de 14 %, à 13,92 milliards d'euros. Le chiffre d'affaires de Total s'est établi l'an dernier à 179,9 milliards d'euros, en augmentation de 13 %. Quant au dividende par action, il bondit de 10 %, à 2,28 euros par titre.
« Total aborde 2009 confiant dans sa capacité à traverser une crise économique majeure sans remettre en cause sa capacité d'investissement et son développement sur le long terme », soulignait Christophe de Margerie, le directeur général du groupe, lors de la présentation des chiffres.
En attendant les annonces officielles de leur direction, mardi 10 mars lors d'un Comité central d'entreprise (CCE), les salariés sont dans l'expectative. « Je n'en sais pas plus que vous. Ça discute dans les couloirs. On entend des bruits. Nous sommes bien obligés d'en parler entre collègues. Tout ça nous inquiète », confie du bout des lèvres un salarié sur le point de rentrer chez lui.
Côté syndicat, on est plus prolixe. Mais tout aussi inquiet. « Nous sommes convaincus que cette info donnée à la presse nationale est volontaire pour atténuer le choc d'une telle annonce », remarque Philippe Saunier, délégué CGT, le syndicat majoritaire à la raffinerie. « La semaine dernière, à Paris, la direction nous a parlé de 300 emplois supprimés. Ce ne sera pas des licenciements secs, nous verrons… La majorité est à Gonfreville-l'Orcher. Mais quand on parle d'emplois dans le raffinage, il y a des emplois induits avec la sous-traitance ou le port du Havre. C'est un pour cinq. C'est donc un très mauvais coup pour la région havraise. Il y a près de 1 000 emplois dans la balance… »
L'annonce, toujours à confirmer, d'un investissement de 800 millions d'euros est jugée « positif » par la CGT. « On nous a même parlé de 850 millions d'euros à Paris mais cela n'occulte pas la perte des emplois et la baisse de production. Il faut savoir qu'une telle somme, qui peut paraître considérable, ne représente qu'un dixième de ce que Total investit actuellement au Moyen-Orient ! » juge Philippe Saunier. Le syndicaliste est convaincu que Total « a beaucoup réfléchi à la façon de faire ces annonces à cause de la situation difficile chez Renault à Sandouville. »
Des distributions de tracts auront lieu en début de semaine sur le site de la Raffinerie de Normandie. Déjà les organisations syndicales appellent à la grève dans l'ensemble des raffineries Total le 19 mars. La branche chimie est aussi inquiète puisqu'un CCE est prévu mardi avec des annonces de suppression de postes, notamment chez Total-Petrochemicals, toujours à Gonfreville l'Orcher.
STEPHANE ROUSSEAU et ALAIN LEMARCHAND
14 milliards d'euros de bénéfices en 2008
Début février, le groupe Total a annoncé son bilan 2008. Alors que toutes les entreprises font le dos rond en cette période de crise, le groupe pétrolier a annoncé un bénéfice record de 14 milliards d'euros.
Certes, Total a connu un quatrième trimestre 2008 marqué par des résultats nets en baisse de 8 %, conséquence de la chute du cours du pétrole brut, mais pour l'ensemble de l'exercice 2008, le groupe français affiche des profits « historiques ».
Ils sont en hausse de 14 %, à 13,92 milliards d'euros. Le chiffre d'affaires de Total s'est établi l'an dernier à 179,9 milliards d'euros, en augmentation de 13 %. Quant au dividende par action, il bondit de 10 %, à 2,28 euros par titre.
« Total aborde 2009 confiant dans sa capacité à traverser une crise économique majeure sans remettre en cause sa capacité d'investissement et son développement sur le long terme », soulignait Christophe de Margerie, le directeur général du groupe, lors de la présentation des chiffres.