
Les Echos - 27/01/2010
par blecourt
Les nouveaux retraités de 2009 ont liquidé leurs droits à 61 ans et demi en moyenne dans le privé, contre 61 ans en 2008. Ce relèvement s'explique presque entièrement par le durcissement du dispositif des départs anticipés pour carrière longue. Le nombre de départs a globalement diminué de 40.000, à 735.000 nouveaux pensionnés l'an dernier.
C'est une tendance étonnante à première vue. Alors que la France est en plein papy-boom, les générations d'après-guerre quittant la vie active, le nombre de nouveaux retraités a sensiblement reculé l'an dernier. La Caisse nationale d'assurance-vieillesse (CNAV) a recensé 735.000 nouveaux pensionnés parmi les salariés du privé en 2009, presque 40.000 de moins qu'en 2008. On compte désormais 12,6 millions de retraités du régime général.
Cette évolution est due essentiellement à un changement de réglementation. Les conditions d'accès au dispositif des carrières longues ont été durcies l'an dernier. Mis en place en 2003 par la loi Fillon, celui-ci autorise les personnes qui ont commencé à travailler avant 17 ans à prendre une retraite anticipée, avant l'âge légal de 60 ans, dès lors qu'elles ont cotisé un nombre de trimestres suffisant. Résultat de ce durcissement (lié au passage à 41 ans de cotisations et à des contrôles plus stricts sur les validations de trimestres), le nombre de départs anticipés a été divisé par cinq l'an dernier, à 24.700. Au passage, le coût du dispositif tomberait à 1,6 milliard d'euros cette année, à comparer avec un pic de 2,3 milliards en 2008.
Si l'on exclut les départs anticipés, le flux de nouveaux pensionnés reste stable depuis 2006, aux alentours de 650.000 par an. Cela montre l'impact très limité, pour l'instant, du relèvement progressif de la durée d'assurance prévu par la loi Fillon. En 2009, " seule la génération 1949 est concernée par le relèvement de la durée d'assurance, explique la direction de la Sécurité sociale. Le nombre de trimestres exigé pour les assurés partant à 61 ans et plus est inchangé " . Le nombre de départs devrait rester à peu près étale au cours des prochaines années.
" De grandes disparités "
L'effondrement du nombre de départs anticipés a eu pour effet de relever, mécaniquement, l'âge moyen de départ l'an dernier. Il est passé à 61 ans et demi (contre 61 ans en 2008), alors qu'il avait nettement reculé depuis 2003 (61,6 ans), justement à cause de cette réglementation. Si l'on raisonne hors départs anticipés, l'âge de départ moyen est resté presque identique, à 61 ans et un peu plus de huit mois.
" L'âge moyen de départ cache de grandes disparités, prévient Danièle Karniewicz, présidente CGC de la CNAV. En particulier, beaucoup de femmes ne partent pas avant 65 ans, car elles n'ont pas suffisamment de trimestres. " L'âge de liquidation de la retraite est en outre distinct de celui où l'on cesse de travailler, le taux de chômage étant très élevé parmi les seniors. " Près de 40 % des personnes qui font valoir leurs droits ne travaillent déjà plus " , souligne la présidente de la CNAV.
La surcote monte progressivement en régime. Ce mécanisme, qui permet de bonifier sa pension si l'on accepte de repousser son départ alors que l'on a suffisamment cotisé, a bénéficié à 12,5 % des nouveaux retraités en 2009. " Dans la plupart des cas, il ne s'agit que de quelques trimestres de vie active supplémentaires " , tempère Danièle Karniewicz. Quant à la décote - qui réduit le montant de la pension si l'on part avant d'avoir tous ses trimestres -, elle a concerné 8,2 % des liquidations