
«Toutes les options stratégiques» pour Chrysler sont ouvertes... Depuis la petite phrase du patron de DaimlerChrysler, Dieter Zetsche, prononcée en février, plusieurs repreneurs potentiels ont frappé à la porte de Daimler, à Stuttgart. Hier, le groupe automobile allemand a finalement annoncé que le fonds d'investissement américain Cerberus a emporté la mise, en offrant 5,5 milliards d'euros pour la reprise de 80,1 % de Chrysler.
Coiffant au poteau Magna, un fournisseur canadien de l'industrie automobile, donné grand favori, devant le fonds d'investissement Blackstone, ou le milliardaire américain Kirk Kerkorian, qui offrait, lui, un chèque de 4,5 milliards d'euros. Daimler va conserver 19,9 % du capital du groupe américain, afin de poursuivre «les projets communs existants, notamment dans le développement de motorisations [...], dans les achats et la vente, ainsi que dans les services financiers en dehors des Etats-Unis», a précisé Dieter Zetsche à Stuttgart. Quelque 3,7 des 5,5 milliards investis par Cerberus seront réinjectés dans l'activité opérationnelle de Chrysler et 0,8 milliard dans les services financiers. Le milliard restant ira à DaimlerChrysler.
Pointure. Cerberus n'est pas un inconnu en Allemagne. Ce fonds d'investissement né en 1992, convaincu d'une prochaine hausse des prix de l'immobilier outre-Rhin, a acquis au cours des derniers mois des dizaines de milliers de logements, essentiellement à Berlin.
Mais la reprise de Chrysler reste son plus gros coup. «Cerberus croit à la force de l'industrie de transformation américaine en général, à l'industrie automobile en particulier», a précisé le patron du fonds, l'ancien ministre des Finances de George Bush, John Snow.
Cerberus n'a pas lésiné sur les moyens, s'offrant pour l'occasion les services d'une grande pointure de l'industrie automobile allemande : Wolfgang Bernhard a orchestré la reprise. Il connaît bien Chrysler pour avoir présidé au redressement de la marque américaine à l'époque où il travaillait pour Daimler.
«Serein». Le divorce Daimler-Chrysler coûtera cher au constructeur allemand, qui avait déboursé 36 milliards de dollars en 1998 pour s'offrir son rival américain. L'opération est pourtant unanimement saluée en Allemagne : en se séparant de Chrysler, Daimler liquide un foyer de pertes. Surtout Chrysler reprend les 18 milliards de dollars d'engagements en matière de retraite qui pesaient sur les comptes de Daimler.
«Nous pensons que les salariés peuvent maintenant se tourner des deux côtés de l'Atlantique vers un avenir plus serein», s'est félicité le président du comité d'entreprise de Daimler, Erich Klemm. Une assemblée générale devra ensuite adopter le nouveau nom du constructeur allemand : Daimler AG.